Simple voyelle – Esther Nirina

Quel doigt
Osera indiquer
La pomme à sept pépins
Qui vient germer
Dans la morsure du vent
Et
Montera plus haute
Que le phare
Sur l’horizon plat ?

Quand le fleuve suit son cours librement
Et qu’en profondeur déplace
Les cailloux
Que le mouvement du sable
Nivèle… dénivèle
L’eau coule toujours vers la mer promise

Des yeux multiples remontent à la surface
Des regards brillants clignotent
Sous ces paupières humides

Et le silence
Précède
L’éclatement des chants nouveaux
Aux résonances de la création

Celui qui veut cueillir
Les simples mots
De ces racines
Dans l’univers illimité
Découvre l’heure à sa portée

Dans un silence presque palpable
Le vent semble immobile
Les éclairs déchargent leurs flammes
aériennes

Un seul roulement de son qui tonne
Un chœur de basse qui gronde
Derrière un ciel nébuleux

Cette atmosphère chaque fois
Me renvoie dans l’espace
Du ventre maternel

C’est la pluie
Signe précédant la vie
N’est-ce pas elle qui rend toute chose humide
Avant que le soleil fasse éclater les bourgeons

Son murmure confidentiel sur les feuilles
Ses larmes qui ruissellent sur les vitres
Son doigté magique sur les toits
Son bruissement avec le vent

Réveillent et rappellent en moi
L’univers jusqu’ici oublié

Qui a senti l’odeur de la terre mouillée
Comprend combien sa chair fraîche
en est un extrait

Dis-moi amie du coin du feu
À l’écoute de ta simple symphonie
Plus profond devient l’écho de mon âme…

Laissez-moi naître à nouveau
Dans ce pays que j’ai connu hors du
temps
Antérieur au commencement
Ce pays où tout fut clair simple innocent

Laissez-moi me réchauffer du soleil
Inondant la vaste clairière
Demeure des êtres qui
Par le pouvoir d’un geste
D’un cri
Créent re-créent la vie

Dans ces lieux les étoiles chuchotent
Des cantiques
Les herbes
Les pétales deviennent
Reflets de notre Nous
Le tremblement des feuilles
Le mouvement des eaux
L’imperfection des pierres
Explorent notre for intérieur

Je ne rêve ni de fuite ni d’évasion
Simplement à la résurrection
Avec tous ses chevaux

Laissez-moi naître à nouveau.

Esther Nirina

Du pays des dieux

Je viens du pays des dieux, répliqua-t-il, le visage soudain illuminé. D’Argentine. Là où le soleil est une orange géante et où le ciel est si vaste qu’il est un reflet du paradis.

Santa Montefiore (L’arbres aux secrets)

Le livre, un refuge

Un livre, c’est une hospitalité qui est offerte, une sorte d’abri que l’on peut emporter avec soi, où l’on peut faire retour, un refuge où résonne comme l’écho lointain de la voix qui nous a bercés, du corps où nous avons séjourné. L’aspect matériel du livre, sous sa forme actuelle de codex, concourt peut-être à ce caractère accueillant.
Michèle Petit

Passions humaines

Il semble que l’amour soit de toutes les passions humaines celle qui revêt les formes les plus diverses. Il n’y a guère qu’une manière de ressentir la haine, la colère, l’envie, et nous ne savons même pas d’ordinaire être sots avec originalité. Les amoureux, au contraire, ont chacun leur manière propre, tout comme les grands artistes et les fous.
Hyacinthe de Charencey

L’âme

Je préfère peindre les yeux des hommes que les cathédrales, car dans les yeux il y a quelque chose qu’il n’y a pas dans les cathédrales, même si elles sont majestueuses et qu’elles en imposent, l’âme d’un homme, même si c’est un gueux ou une fille de rue, est plus intéressante à mes yeux.
Vincent van Gogh (Lettre de Van GOGH à Théo)