J’entends souvent dire : « Il faut de l’ego pour réussir dans la vie. » Il y a confusion : pour bien vivre, il faut de l’amour de soi, et c’est très différent. L’ego est une image de nous-mêmes, fausse et réductrice, avec ses peurs, ses angoisses et ses certitudes. Il est le fruit de notre éducation et de la société, et il constitue un rempart nous empêchant de toucher à notre essence, à ce souffle qui nous anime.
Patricia Darré
Jour : 30 octobre 2016
Une dépression
Savoir à quel point il est possible de souffrir aura modifié ma perception du bonheur. Ce qui, auparavant, n’aurait été qu’un état banal, « normal », m’est devenu fort précieux. Et ne pas souffrir me semble aujourd’hui tenir de la grâce.
Céline Curiol
Le réveil
Il faut faire l’amour comme le pinceau traverse l’espace, il faut vivre comme les livres se font, dans la lenteur de l’urgence d’aimer. ..
Hafid Aggoune (Les avenirs)
L’ouvrage du temps
On a souvent parlé, dans l’histoire des arts, de la facilité avec laquelle de grands artistes exécutaient leurs ouvrages, et on en a cité qui savaient allier au travail le désordre et l’oisiveté même. Mais il n’y a pas de plus grande erreur que celle-là. Il n’est pas impossible qu’un peintre exercé, sûr de sa main et de sa réputation, réussisse à faire une belle esquisse au milieu des distractions et des plaisirs. Le Vinci, peignit quelquefois, dit-on, tenant sa lyre d’une main et son pinceau de l’autre ; mais le célèbre portrait de la Joconde resta quatre ans sur son chevalet. Malgré de rares tours de force, qui, en résultat, sont toujours trop vantés, il est certain que ce qui est véritablement beau est l’ouvrage du temps et du recueillement, et qu’il n’y a pas de vrai génie sans patience.
Musset
Le Buveur d’absinthe
Baudelaire est niché dans un recoin du cerveau de Manet et tient quelques fois son pinceau. Du « Vin des chiffonniers » de l’ami fardé, il tire son « buveur d’absinthe »
De sa déchéance naît le tableau de la misère répulsive d’une bohème qu’il aime et redoute à la fois.
Sophie Chauveau