Le temps

Le temps est une mécanique étrange. Il a le don merveilleux de se suspendre l’instant d’un regard. J’avais la sensation que mon inconnu me scrutait depuis une éternité. Le dernier soleil de l’automne tamisant son or entre les branches, la douceur trompeuse de l’air chargé de l’odeur sucrée des magnolias, tout autour de moi se figea, gravant à jamais dans mon esprit la douloureuse perfection de cet instant.

Marilou Aznar

Devise cartésienne

La devise que je proposerais au philosophe, et même au commun des hommes, est la plus simple de toutes et, je crois, la plus cartésienne. Je dirais qu’il faut agir en homme de pensée et penser en homme d’action.
Henri Bergson

Bâtisseurs d’histoires

Nous avons tellement besoin d’histoires, de croire en nos histoires, qui sont plus vraies que la réalité. Parce que la réalité ne tient debout, elle n’est vivable que si nous lui inventons une beauté. Bâtisseurs d’histoires, à nous en déchirer le cœur.
Anne-Marie Garat

Ce défi du tabou

Pourquoi sommes-nous concernés par l’art ? Pour dépasser nos frontières, aller au-delà de nos limites, remplir notre vide – pour nous accomplir. Ce n’est pas une condition, mais un processus au cours duquel ce qui est sombre en nous devient lentement transparent. Dans ce combat avec la propre vérité de chacun, cet effort pour arracher le masque de la vie, le théâtre avec sa perception par la chair, m’a toujours semblé une sorte de provocation. Il est capable de se défier de défier le spectateur en violant des stéréotypes acceptés de la vision, du sentiment et du jugement – le défi est d’autant plus grand qu’il est incarné par la respiration, le corps et d’autres impulsions de l’organisme humain. Ce défi du tabou, sa transgression, provoque le choc qui arrache nos enveloppes, nous permettant de nous offrir à nu.

Jerzy Grotowski

Harmonie, analogie

L’art, c’est l’harmonie. L’harmonie c’est l’analogie des contraires, l’analogie des semblables, de ton, de teinte, de ligne, considérés par la dominante et sous l’influence d’un éclairage en combinaisons gaies, calmes ou tristes…
Georges Seurat

L’humilité face à la maladie

Je crois surtout que je me suis laissé aller à une sorte de péché d’orgueil, car j’en étais venu à me sentir quasi invulnérable. Or il ne faut jamais perdre son humilité face à la maladie. Personne ne possède d’arme invincible contre elle, les meilleures techniques de la médecine moderne peuvent être mises en déroute. C’est une grave erreur d’oublier à quel point la biologie est déterminante.

David Servan-Schreiber