Quand on est sans-abri

Comme s’il y avait une saison pour être SDF, nous on est à la mode en hiver. Mais quand on est sans-abri, la rue, c’est toute l’année. Douze mois sur douze. L’été aussi. Et l’été, c’est presque plus dur. Comme tout ferme, il faut vraiment se débrouiller seul. On est alors obligés d’accomplir ces gestes qui nous enfoncent d’avantage dans notre dèche parce que chaque fois on y laisse un peu de notre dignité : fouiller dans les poubelles, faire la manche.

Lydia Perréal (J’ai vingt ans et je couche dehors)

Le bons sens

Le bons sens est parfois l’objet de nos mépris. – C’est à tort : d’ordinaire il indique l’obstacle – Il juge le terrain, que tant de grands esprits, souvent, n’ont bien connu qu’au jour de la débâcle.
Antoine-Vincent Arnault

Les douleurs, les joies

Les douleurs, les joies, s’inscrivent d’une étrange manière dans notre mémoire. On pense les avoir dépassées, on s’imagine qu’elles ne nous déchirent plus comme au début, mais il suffit d’une odeur, d’une chanson, pour y replonger.
Frédéric Lenoir

La bêtise médiatique

La bêtise médiatique n’est pas un épiphénomène. Elle conduit une guerre d’anéantissement contre la culture. Il y a beaucoup de combats à mener. Mais, si l’industrie médiatique gagne sa guerre contre l’esprit, tous seront perdus.

Pierre Jourde

Une énigme

Ce que j’ai pour vous aujourd’hui, c’est presque rien, un échantillon tombé de la boîte à couture d’un ange. C’est aussi fin qu’une brise qui ride un étang pendant quelques secondes. Difficile de l’attraper. Voilà : il s’agit d’un arc-en-ciel. Du bleu, du jaune, du vert, des couleurs faibles sur le papier de l’air, un dessin convalescent en forme d’arche, de pont. C’est là et ce n’est pas là, vous comprenez ? Quelque chose apparaît et disparaît en même temps. Un soupçon coloré. Une énigme limpide. Toute la vie a forme d’arc-en-ciel, n’est-ce pas : elle est là et en même temps elle n’est pas là.
Christian Bobin

L’art multiple du Plaisir

Je t’apprendrai, si tu me livres ta chair consentante, l’art multiple du Plaisir. Je t’apprendrai la lenteur savante des mains qui prolongent leurs frôlements attardés. Je t’apprendrai la ténacité des lèvres qui s’acharnent délicatement. Tu sauras la toute-puissance des caresses légères.
Renée Vivien