On ne comprend rien à cette ville si l’on est indifférent à sa lumière. Elle est palpable, même aux heures les plus brûlantes. Quand elle oblige à baisser les yeux. Marseille est ville de lumière. Et de vent. Ce fameux mistral qui s’engouffre dans le haut de ses ruelles et balaie tout jusqu’à la mer. Jusqu’au large de Pomègues et Ratonneau, les îles du Frioul. Jusqu’après Planier, le phare, aujourd’hui éteint, reconverti en école de plongée, qui indiquait à tous les marins du monde que Marseille était à portée de main, et que ses femmes, pute ou pas, leur feraient oublier la passion des mers et des îles lointaines.
Marseille, à vrai dire, on ne peut l’aimer qu’ainsi, en arrivant par la mer. Au petit matin. A cette heure où le soleil, surgissant derrière le massif de Marseilleveyre, embrase ses collines et redonne du rose à ses vieilles pierres.
Jean-Claude Izzo