Il ne fut jamais dupe. Ni des hommes ni des choses. Et de lui-même moins que de rien ou de personne. Sa vie fut un drame, une brève tragédie menée jusqu’à son terme en toute connaissance de cause, mais avec une telle discrétion, une telle horreur de la pitié -car un grand seigneur, voilà ce que fut, dans sa pleine force du terme, ce nabot disgracié- que même ceux qui le fréquentèrent n’en pressentirent pas toujours la douloureuse amertume. Jamais destin ne fut peut-être, en vérité, aussi clairement compris par celui qui l’assuma, ni vécu plus lucidement.
Henri Perruchot (La vie de Toulouse-Lautrec)