L’esprit de solitude

A vivre seul, au moins quelques années, on apprend à passer du besoin qui ligote au désir et au rêve qui ouvrent grand l’espace en soi et autour de soi. A vivre seul, on apprend à choisir ses relations au lieu de les supporter, de s’en accommoder. Sauvage et sociable tout à la fois, l’individu solitaire ne se croit pas obligé d’aller à des repas de famille, de participer à des fêtes dont les convives l’ennuient. Et de cela il ne se sent nullement culpabilisé parce qu’il est en accord avec ce qu’il fait. Se tenir en solitude,c’est chérir une situation propice à inattendu, à l’incroyable dont les tableaux de Van Eyck et de Brueghel esquissent l’apparition. C’est se vouloir disponible, absolument; et non disponible pour quelque chose, en attente de quelqu’un. Se tenir dans la fraîcheur du commencement. C’est donc un état émerveillé.

Jacqueline Kelen

Curieuses journées

Il y a des journées qui pétillent,dont les heures courent, bondissent et cascadent comme des gouttes de vif-argent.(…) Il en est d’autres qui, au contraire, exsudent les coulées sirupeuses de l’ennui, et qui durent, durent, se traînent à n’en plus finir.
Anne Bragance

Le goût du bonheur

L’amour est une tentative aussi fringante qu’autrefois. Je comprenais que, malgré les chagrins, les erreurs, les échecs et la défaite, j’avais, grâce à mes parents, le goût du bonheur, du combat et des victoires.

Marc Lavoine (L’homme qui ment)

La sagesse

Beaucoup de gens pensent que la sagesse vient avec l’âge. C’est faux. Seuls les cheveux blancs et les rides viennent avec celui-ci. La sagesse vient d’un mélange d’intuition et d’éthique, de la faculté de faire des choix et d’en tirer des leçons.
Vikas Swarup

Le poète prédestiné

Je pensais que par l’usage lyrique des mots l’homme a le pouvoir de tout transmuer. J’accordais une importance prépondérante à l’imaginaire, substitut du réel et monde qu’il nous est loisible de créer. Le poète m’apparaissait comme un prédestiné, une manière de démiurge à qui il incombait d’effectuer cette vaste opération de transformation mentale d’un univers, vrai dans la seule mesure où l’on veut bien lui attribuer cette vérité.

Michel Leiris

La tristesse des clowns

Avec l’ami Pablo (Picasso), nous méditions sur la tristesse et la tragédie des clowns, quand s’éteignent les derniers rires et qu’ils se démaquillent, seuls dans leur loge. Ce monde, je le peignais à la hâte, comme pour le préserver, le sauver de je ne sais de quel naufrage, quel désastre. J’adorais le music-hall, les fêtes foraines, les manèges et les rêves d’enfance.

François Bott