Un savoir sur le monde

Il y a en nous un savoir sur le monde dont nous sommes le plus souvent inconscients, et qui émerge durant nos périodes de calme, et durant la nuit, au cœur de ces périodes de sommeil où nous semblons nous retirer du monde.
Une inscription, déjà, dans notre mémoire, de ce que nous n’avons pas encore vécu.
Et que nous ne vivrons peut-être jamais.

Jean Claude Ameisen

A l’aube

A l’aube, les fragments nébuleux se reconstituent, mon écriture se trouve de petites sources pétillantes, les mots glissent, dirigés par les dualités d’une étrange énergie.

Didier Celiset

Le style est un don

Le style c’est ce qui habille la pensée. Un style personnel sait dire non aux excentricités de la mode. Il marie ce que vous portez et ce que vous êtes. La mode change. Le style reste. La mode est un spectacle, le style est le tenant de la simplicité, de la beauté et de l’élégance. La mode s’achète, le style se possède. Le style est un don.

Dominique Loreau

Connais-tu ?

Connais-tu le pays où les citronniers fleurissent, où, dans la feuillée sombre, rougissent les oranges d’or ? Un vent léger descend du ciel bleu, le myrte croît discret, et le laurier superbe, le connais-tu bien ?

Goethe

L’invraisemblable

Quand on vit seul, on ne sait même plus ce que c’est que raconter : le vraisemblable disparaît en même temps que les amis. Les événements aussi, on les laisse couler ; on voit surgir brusquement des gens qui parlent et qui s’en vont, on plonge dans des histoires sans queue ni tête : on ferait un exécrable témoin. Mais tout l’invraisemblable, en compensation, tout ce qui ne pourrait pas être cru dans les cafés, on ne le manque pas.

Jean-Paul Sartre

Bribes de bonheur

Il y avait des moments de panique et de vide, des échos de rires, des flambées de souvenirs, la fatigue fouillait dans le tout-à-l’égout de la mémoire et rejetait à la surface des bribes de bonheur. Le reste était angoisse et remords. Chaque minute qui passait paraissait arrachée à un temps fossilisé.

Romain Gary (Clair de femme)

L’optimisme

Vivre est un effort : c’était désormais sa seule certitude. Alors c’était un effort de ne pas être triste, c’était un effort de penser que la vie lui réservait le meilleur, c’était un effort de ne pas céder à lui-même. Il s’en fallait de peu parfois pour qu’il ne s’abandonne de nouveau à sa nature : la noirceur. Alors il se reprenait. Il lui fallait se raccrocher coûte que coûte à ce pari qu’il avait fait avec un brin de volontarisme : l’optimisme.

Arnaud Cathrine