Je crois qu’un lac, un saphir, qu’une pierre vulgaire, une portion de ciel, un sérac bleuâtre, que la mer au sourire innombrable, ce soleil jaune ou le visage chromatique des constellations, la robe striée d’un jaguar, le vol vif d’un colibri, que le corps nu de Vénus… me voient tout autant et parfois mieux que je ne sais les voir. Car ils reçoivent, stockent, traitent, émettent de la lumière ; brillent donc comme des yeux. Oui, laissez-moi rêver : comme la plupart des choses renvoient la lumière tout autant qu’elles la reçoivent, la piègent et la traitent, j’imagine qu’elles voient tout autant qu’elles sont vues. Je me crois, je me vois vu par elles.
Michel Serres
Le beau rêve que voilà ! Merci.
A reblogué ceci sur Dessiner, c'est dire…et a ajouté:
La voilà donc cette connivence, oui, cette entente tacite née du croisement de nos regards, du clignement des yeux, avec les êtres et aussi les choses qui nous environnent. Et combien davantage encore je la ressens cette connivence quand je cherche à traduire la lumière qui émanent d’eux au moyen d’un trait, d’une couleur, d’une ombre. C’est du commerce de ces regards que naît en effet pour moi le plaisir du dessin.
Merci de cette belle pensée de Michel Serres.
Merci Michel pour votre réflexion.
Dans tes yeux je vois tant de promesses a venir que je ne peux m’en détacher, goûtant chaque seconde avec délice