Quand on vit seul, on ne sait même plus ce que c’est que raconter : le vraisemblable disparaît en même temps que les amis. Les événements aussi, on les laisse couler ; on voit surgir brusquement des gens qui parlent et qui s’en vont, on plonge dans des histoires sans queue ni tête : on ferait un exécrable témoin. Mais tout l’invraisemblable, en compensation, tout ce qui ne pourrait pas être cru dans les cafés, on ne le manque pas.
Jean-Paul Sartre