L’optimisme

Vivre est un effort : c’était désormais sa seule certitude. Alors c’était un effort de ne pas être triste, c’était un effort de penser que la vie lui réservait le meilleur, c’était un effort de ne pas céder à lui-même. Il s’en fallait de peu parfois pour qu’il ne s’abandonne de nouveau à sa nature : la noirceur. Alors il se reprenait. Il lui fallait se raccrocher coûte que coûte à ce pari qu’il avait fait avec un brin de volontarisme : l’optimisme.

Arnaud Cathrine

Cette vie humaine

C’est inexplicable cette vie humaine. Personne n’a de vie en soi ; on vit toujours pour quelqu’un d’autre. Regarde cette fleur sauvage qui ne porte même pas de nom. Comme elle est pleinement elle-même, sous prétexte de l’aimer, je la cueille, et je mets fin à son destin. Ainsi sur cette terre, sous ce ciel, quelqu’un vit innocemment sa vie ; d’autres, s’accordant des droits sur lui, font négligemment un geste pour l’interrompre, avant de disparaître un jour eux-mêmes, sans que personne ait jamais su pourquoi. Oui, pourquoi ?

François Cheng

Le plagiat fait sens

Nous savons tous qu’il y a un nombre restreint d’idées originales, et que plus on écrit, plus le plagiat fait sens. Comme la marijuana, il faudra considérer sa légalisation. On doit en arriver là quand on sait qu’avec le temps et la quantité de livres publiés il n’y a plus de phrases originales. Toutes les phrases que vous pouvez écrire l’ont été déjà des milliers de fois. (…) Imaginer qu’Ovide réclame un copyright sur l’amour. Homère, sur la guerre. Dante sur l’Enfer. Euripide sur la vengeance (Médée). L’Evangile sur l’Apocalypse. Et tant d’autres encore. Comme vous le voyez il n’y a pas un seul sujet intéressant qui ne soit déjà pris.

Dany Laferrière

Le temps

Le temps passe et n’attend personne. Toutes les amarres du monde ne sauraient le retenir. Il n’a pas de port d’attache, le temps ; ce n’est qu’un coup de vent qui passe et qui ne se retourne pas.

Yasmina Khadra

Les ronces de la vie

Les portes sont grandes ouvertes à ceux qui font choix de chercher à se connaître. Mais passé le seuil, le parcours devient périlleux, miné de toutes ces choses que nous refusons de croire, de nos blessures qui grondent à l’unisson. Les ronces de la vie laissent des cicatrices que nous ne voulons pas voir.

Patrice Trigano