Une oeuvre de fiction

Ecrire une oeuvre de fiction c’est un peu comme faire voler un cerf-volant : la corde de l’imaginaire reliant l’histoire à la réalité, le souffle de l’inspiration lui permettant de s’envoler… Cela peut avoir l’air compliqué, dit de cette façon, mais il suffit souvent d’observer attentivement autour de soi, puis d’écrire en écoutant son cœur.

Manon Corriveau Côté

Le corps a une mémoire

Ce n’est qu’une hypothèse, mais retenez ceci : le corps a une mémoire, votre psyché aussi. Quand le pan d’une falaise s’écroule soudain dans la mer, tout le monde sait bien que ce n’est pas une fêlure spontanée et immédiate qui a provoqué cette chute. Il y a déjà très longtemps que les fissures et les craquements souterrains avaient commencé leur invisible travail de sape.

Philippe Labro

Du bonheur immediat

Les femmes avec lesquelles j’ai vécu, je les avais aimées. Toutes. Et avec passion. Elles aussi m’avaient aimé. mais certainement avec plus de vérité. Elles m’avaient donné du temps de leur vie. Le temps est une chose essentielle dans la vie d’une femme. Il est réel, pour elles. Relatif pour les hommes. Elles m’avaient donné, oui, beaucoup. Et moi, que leur avais je offert? De la tendresse. Du plaisir. Du bonheur immediat. Je n’étais pas mauvais dans ces domaines. Mais après?

Jean-Claude Izzo

Océan

Océan est l’un des rares mots que j’entends en couleur : il se fragmente en un spectre de nuances douces et chaudes, le -o est d’un bleu profond, à la fois saphir et indigo, le -é est brun-noir comme le sont les rochers, le -an me fait l’effet d’une couleur qui n’existe pas pour nos yeux d’ici-bas, une couleur qui s’étirerait du bleu ciel à l’orangé, en passant par des nuances de mauve…

Véronique Ajarrag (Amulettes)

La langue, voyage de l’âme

La langue n’est qu’un voyage de l’âme. Elle s’adapte aux conditions extérieures. Elle se transforme, elle invente ou copie, c’est selon. La langue traduit nos vies. Mais quand on se tait pour toujours, quand s’échappent les mots de nos visages chancelants, j’ai envie de penser que demeurent en haleine et dans la bouche du vent qui nous soulève la trace odorante de tous nos appétits, le bouillon de nos aventures, le caramel de nos baisers, le miel de nos écorchures. Des parfums qui se fichent éperdument des frontières, des saveurs qui fondent sur la langue par-delà tous les vocabulaires.

Viviane Chocas

Ma vie est ma vie

Toute ma vie, j’ai eu plusieurs fois par jour le sentiment que ma vie était magnifique ou bien lamentable. Et que le verdict viendrait, peut-être bientôt, d’un virage décisif ou d’un point final qui forcerait la balance d’un côté ou de l’autre. Mais le grand âge m’apprend ceci : ma vie n’est pas magnifique ou lamentable, elle est les deux à la fois. Elle a deux lectures possibles, et encore bien d’autres. Ma vie est ma vie, une suite de moments en tout genre, et je peux la voir à la Houellebecq, à la Walt Disney, à la Victor Hugo, à la Woody Allen… il ne tient qu’à moi.

Elisa Brune

Textes littéraires

Dans cette société tentée par le repli individuel ou communautaire, l’étude des textes littéraires, avec celle de l’histoire, est le fondement d’une culture commune. […] C’est le ciment du corps social.
Alain Le Ninèze